SYLVAIN JARRY
Faune forestière
RACONTE-NOUS COMMENT LE TRAVAIL DE LA TERRE EST ENTRÉ DANS TA VIE.
L'étincelle a eu lieu en voyant une amie illustratrice réaliser des bustes en argiles à partir de ses personnages dessinés. Moi-même, je dessine depuis toujours. Modeler des volumes n'était pas nouvelle pour moi, mais je n'étais jamais passé à l'action. À partir de mes illustrations de personnages, j'ai commencé à les reproduire en argile auto-durcissante, que l'on retrouve dans les magasins de loisirs créatifs. Ces personnages n'étaient pas cuits, mais recouverts de peinture acrylique pour reproduire fidèlement les couleurs du dessins.
COMMENT SONT NÉS TES PREMIÈRES COLLECTIONS D'ANIMAUX EN GRÈS ?
Un des premiers animaux que j'ai réalisé, était un tout petit renne, avec un petit bout de bois, que j'avais offert à une amie qui partait vivre au Canada. L'argile n'était, encore une fois, pas cuite. Et les bois étant trop petits et fragiles pour être réalisés en argile, j'ai donc opté pour de vrais branches de bois et végétaux. Tout cela a évolué, et j'ai ensuite voulu m'atteler à d'autres animaux de la forêt notamment
EST-CE QEU TON TRVAIL DE LA TERRE A CHANGÉ TON RAPPORT AU TEMPS ?
Lorsque l'on est concentré sur sa création, sur le modelage, le toucher, la réaction de la terre sous ses doigts, l'humidité... le temps semble s'arrêter. Ou plutôt, il ralentit. Voir la créature en argile, la poterie, prendre forme dans ses mains est toujours un peu magique et satisfaisant. Avant de pratiquer la céramique, le modelage, je n'étais déjà pas quelqu'un d'hyper-actif. Cela n'a donc pas été une révolution pour moi en terme de temps. Néanmoins, au-delà de la temporalité, je dirais qu'il s'agit surtout de centrage et d'apaisement. Modeler la terre fait beaucoup de bien et apporte beaucoup de calme.
QUELS GESTES ÉCO-CONSCIENTS AS-TU MIS EN PLACE DANS TON ATELIER ?
La céramique est une pratique potentiellement dangereuse pour la santé et polluante pour l'environnement. L'écologie est une chose primordiale pour moi depuis bien longtemps. Je m'attèle donc au quotidien à optimiser et diminuer au maximum les risques. Je peux évoquer en premier une ressource majeure : l'eau. Je n'en utilise que très peu étant donné que je lave mains et outils dans des seaux, lesquels je laisse décanter pour pouvoir ensuite utiliser à nouveau l'eau claire. Ensuite, concernant l'argile, je souhaite utiliser de plus en plus d'argiles locales non transformées. Enfin, pour la fabrication des émaux, mon évolution est en cours. Mais je continue les recherches avec l'utilisation de cendres de cheminées notamment. Je réduis au maximum l'utilisation des autres minéraux, en prenant soin de n'utiliser que les moins toxiques et les moins problématiques, au niveau environnemental et éthique, en terme d'extraction. Mes pièces sont actuellement cuites au four électrique avec une énergie provenant de sources renouvelables.
QUE T'INSPIRE LA MAISON E ?
Je pense partager bon nombre de points communs avec Caroline de la Maison E. La lenteur, le respect des saisons et de la nature, le soin de l'achat conscient et réfléchi... sont des actions qui me parlent beaucoup. Il est important de retrouver la valeur des choses que l'on achète. Le temps passé à son imagination, sa création, sa réalisation, ne sont pas négligés. La Maison E promeut aussi l'artisanat et ses objets qui ont une histoire, une âme.
Sylvain a participé à la première collection inspirée
en hommage au roman de Sue Hubbell, "Une année à la campagne".

