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LUCIE NEVERS 

L'amour des beaux objets

RACONTE-MOI TON PLUS ANCIEN SOUVENIR AVEC LES ARBRES. UNE IMAGE DE TON ENFANCE, UNE ÉMOTION...

Je n'ai pas de souvenir spécifique parce que j'ai toujours cohabité avec la nature. Être dehors quand il fait beau, ramasser les feuilles du chêne parce qu'il en tombe beaucoup en hiver, grimper dans le cerisier du jardin. Mon enfance est empreinte de nature, de façon simple et évidente.     

SI TU ÉTAIS UN ARBRE, LEQUEL SERAIS-TU ?

C'est difficile de répondre à cette question. Choisir un arbre plutôt qu'un autre m'est impossible. Ils sont tous tellement différents. Chaque arbre a ses spécificités, ses forces, ses faiblesses. Jusqu'au sein de la même espèce, les différences sont énormes entre les individus. Il n'y en a pas deux pareils, comme les humains.

 

COMMENT AS-TU COMMENCÉ ET QU'EST-CE QUI T'AS ATTIRÉ DANS LE TRAVAIL DU BOIS ?

Mon amour pour le bois est là depuis très longtemps. Enfant, pour un anniversaire, j'ai eu la joie de recevoir une valise contenant la version miniature des outils fondamentaux d'un atelier de menuiserie, dont une scie qui coupait pour de vrai ! J'ai, du plus loin que je me souvienne, toujours bricolé, bidouillé avec beaucoup de plaisir et d'application. C'est donc tout naturellement que le choix de faire un métier manuel s'est dessiné en grandissant. 

 

J'ai été confrontée dans mes diverses activités professionnelles à l'utilisation de matériaux présentant un risque sanitaire comme les diverses colles, les solvants ou encore les traitements ignifuges des bois. J'ai aussi pu constater la quantité incroyable de déchets bois qui pourraient être revalorisés, jetés par les ateliers faute de circuits faciles à utiliser.

J'ai rapidement eu besoin de faire un bilan de ma situation professionnelle, des mes envies ainsi que de mes aspirations et j'ai eu envie d'y redonner du sens et de la cohérence. En créant mon atelier je pouvais choisir les origines des bois travaillés, privilégier la revalorisation des chutes d'élagage, n'utiliser que des produits de finitions naturels et salubres, ne travailler qu'avec des circuits courts ou encore choisir de fabriquer des objets durables plutôt qu'éphémères.

 

QUELLE EST LA PARTIE DE TON TRAVAIL QUI T'ÉPANOUIT LE PLUS ?

J'aime tout sauf poncer ! J'aime choisir le bois, le fendre, le découper, rêver à partir de lui, dessiner les pièces, les façonner, les nourrir avec de l'huile et de la cire. Toutes ces étapes demandent du temps parce que tout est minutieux. J'ai fait le choix de me soumettre complètement à cette temporalité. En revanche, je n'aime pas poncer parce que ça fait de la poussière. J'aime beaucoup les copeaux mais pas la poussière. Et puis le ponçage est une étape beaucoup trop bruyante pour moi.  

 

À LA FOIS BRUT ET SENSUEL, LE BOIS SE TRANSFORME SOUS TES DOIGTS, RACONTE-NOUS.

Je n'ai pas le pouvoir de fabriquer de la sensualité. Je ne peux que tenter de révéler ce qui est déjà là. Il n'y a pas de transformation de la matière à proprement parler, je la façonne simplement. Je suis spectatrice de ce processus. Comme si le bois décidait tout seul. Je suis au service de la matière. Quand je commence à travailler, je ne sais absolument pas où je vais. Je suis le fil du bois, c'est lui qui guide. Je suis donc toujours étonnée du résultat. 

 

COMMENT CHOISIS-TU LE BOIS AVEC LEQUEL TU TRAVAILLES ?

Une attention particulière est portée à la sélection des essences de bois adaptées à un usage alimentaire. La majeure partie de cette matière première vient d'un circuit ultra court de revalorisation des déchets d'élagage, ce qui me permet de vous proposer des objets en bois d'arbre non abattu !  Je trouve aberrant de couper des arbres pour fabriquer des choses alors qu'on en coupe tant pour ne rien en faire. Les pièces sont taillées dans un morceau de bois massif ce qui garantit solidité et salubrité (pas de colle). Le choix se fait ensuite en fonction de certains critères pratiques comme la taille du morceau, sa résistance, etc.  Et puis enfin, c'est là encore une rencontre. Plus le bois est émouvant, plus j'ai envie de travailler avec lui. J'aime sa singularité : ses imperfections, les traces que la vie lui a laissées, ses petites blessures, ses aspérités, ce qui le différencie des autres.    

 

JE SAIS QUE TU CULTIVES CERTAINES VARIÉTÉS D'ARBRES. EST-CE IMPORTANT POUR TOI DE PARTICIPER AU CYCLE DE LA NATURE, À UNE FORME DE REFORESTATION ?

La première motivation de la pépinière est la fascination. C'est extraordinaire de planter une noix et de regarder la magie opérer. Le fruit devient tige, la tige devient tronc, le tronc devient bois. C'est spectaculaire.  Dans son livre La vie secrète des arbres, Peter Wohlleben dit « un arbre engendre un seul et unique successeur, lequel prendra sa place le moment venu ». Récupérer des glands pour les planter, c'est peut-être s'immiscer dans une histoire bien plus grande que moi, mais c'est aussi, à toute petite échelle, participer à la perpétuation de quelque chose d'essentiel.

 

QU'EST-CE QUI T'AS DONNÉ ENVIE DE COLLABORER AVEC LA MAISON E ?

Cette collaboration fait sens car nous sommes animées par des valeurs communes. La Maison E défend un artisanat raisonné et responsable. Ce projet qui me touche est porté avec beaucoup de sincérité et de simplicité. J'aime travailler seule, je l'ai choisi mais je trouve passionnant de rencontrer d'autres regards qui permettent de prendre des directions inattendues, de me décentrer de ma pratique habituelle. Je suis très heureuse que l'histoire de mon petit atelier croise l'histoire de la Maison E. En me confiant tes dessins, tu m'as demandé d'aller quelque part. Il a donc fallu concilier l'endroit où tu souhaitais aller avec le directive donnée par le bois. Ce jeu d'équilibre a donné naissance a des pièces que je n'aurais pas pu créer seule. 

boissellerielucien.com

Je collabore régulièrement avec Lucie sur des pièces en bois présentées dans le shop de la maison E

Co-créations : planche à découper / pince / cuillère à thé / petit bol

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